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Est-il suffisant de connaitre la consommation quotidienne ou mensuelle de quelqu'un pour savoir s'il court des risques liés à l'alcool ? Il a été montré qu'une consommation massive et ponctuelle est plus dangereuse qu'une consommation régulière

Mœurs estudiantines

Quatre études (en 1993, 1997, 1999 et 2001) ont été menées dans 120 universités américaines auprès de plus de 15 000 étudiants. Les étudiants répondaient à des questionnaires anonymes où il leur était demandé combien de fois dans les deux dernières semaines ils avaient bu plus de 5 verres (4 pour les filles) en une seule occasion ("binge drinking" ce qui signifie plus ou moins beuverie.) Les verres étaient définis comme 350 mL de bière ou 120 mL de vin. La durée qui correspond à "une seule occasion" n'était pas définie.

44 % des étudiants étaient des "binge drinkers" (40 % pour les femmes et 50 % pour les hommes) dont 22 % fréquents (3 fois ou plus en deux semaines.) L'interprétation de biere-et-sante.com ("Septante pour cent des étudiants qui boivent de l'alcool absorbent très régulièrement des quantités phénoménales") est absolumenet fantaisiste. Un résultat annexe intéressant est que cette pratique est le fait des plus jeunes : 43,6 % de moins de 21 ans, 50,2 % des 21-23 ans et 30,9 % des étudiants de plus de 24 ans. L'âge légale pour boire de l'alcool aux Etats-Unis étant de 21 ans, on note que ce qui réduit cette propension à se saoûler est la maturité plus que la loi. 30 % des étudiants buvant de l'alcool (ceux qui ne boivent pas du tout sont ici exclus) ont été saoul trois fois ou plus dans le mois qui précédait le sondage et la moitié des buveurs citent la volonté de se saoûler comme motivation majeure pour boire. Parmi les conséquences, 10 % citaient les rapports sexuels non protégés et près de 30 % la conduite en état d'ivresse.

Sources :

Répartition de la consommation et hypertension

En Irlande du Nord, les crises cardiaques sont plus fréquentes le lundi que les autres jours de la semaine. Les auteurs cherchent à déterminer si ceci peut être lié à la consommation d'alcool durant le week-end. Dans ce but, ils ont comparé la consommation d'alcool et la tension artérielles de français et de nord irlandais.

L'étude porte sur 6523 hommes de 50 à 59 ans de Belfast, Strasbourg, Lille et Toulouse (5156 en France et 1367 en Irlande du Nord.) En France, la consommation d'alcool est assez constante (elle n'augmente que légèrement durant le week-end.) La consommation d'alcool des nord irlandais en revanche se concentre sur le vendredi et le samedi soir (ces deux jours représentent 66 % de la consommation totale d'alcool.) L'étude montre que la pression artérielle est plus élevée chez les buveurs irlandais en début de semaine alors qu'en France la tension ne varie pas significativement au cours de la semaine. La tension des non-buveurs est constante au cours de la semaine dans les deux pays donc le pic de tension peut être associé à la consommation massive d'alcool.

Les auteurs concluent donc qu'il existe une relation entre la tension artérielle et la consommation d'alcool dans les jours qui précèdent. Ceci est en accord avec d'autres études [Wannamethee G. et Shaper A.G. Journal of human hypertension 5, 59 (1991) et Rakic V. et al. Journal of hypertension 16, 277 (1998)]

On peut noter que la consommation moyenne d'alcool est légèrement plus élevée en Irlande du Nord qu'en France mais ceci ne semble pas déterminant. Une forte consommation d'alcool peut aussi être associée à une forte consommation de tabac mais ce facteur n'a pu être pris en compte. L'âge, le poids, la fréquence cardiaque, le tabagisme, le niveau d'études, l'activité professionnelle ne semblent pas modifier les résultats. Les auteurs ont noté qu'il existe une plus forte corrélation entre consommation d'alcool et tension chez les buveurs de bière que chez les buveurs de vin mais ne peuvent fournir d'explication définitive.

Source: Marques-Vidal P., Arveiler D, Evans A, Amouyel P, Ferrières J et Ducimetière P. : "Different alcohol drinking and blood pressure relationships in France and Northern Ireland", Hypertension 38, 1361-1366 (2001)

Effets comportementaux et physiologiques d'une consommation massive d'alcool

Un groupe de recherche de l'université de Caroline du Nord aux Etats-Unis a étudié l'effet sur des rats de l'absorption de grandes quantités d'alcool. Il est bien connu que des consommations excessives sur de longues périodes sont néfastes mais on ne savait pas grand chose de consommations massives d'alcool moins fréquentes. Les deux études sont basées sur l'injection de fortes doses d'alcool à des rats pendant quatre jours. Deux sortes d'études sont ensuite menées : comportementales et physiologiques [anatomiques ?].

L'étude comportementale se fait dans le labyrinthe de Morris : les rats sont lâchés dans une piscine peu profonde où se trouve une plate-forme légèrement immergée qu'ils ne peuvent voir. Au fur et à mesure des essais le rat apprend où est la plate-forme. Les rats ivres se comportaient au moins aussi bien que la population de contrôle, leur apprentissage était peut-être même un peu plus rapide. La plate-forme est ensuite déplacée, le rat se dirige vers l'endroit où se trouvait la plate-forme, se rend compte qu'elle n'y est plus et cherche ailleurs. Les rats qui avaient reçu de l'éthanol persistaient dans la recherche de la plate-forme à son ancien emplacement alors que les autres rats, se rendant compte que la situation avait changé, allaient chercher ailleurs. Ceci se passait une semaine après la cuite. Ces résultats sont similaires à ceux observés chez l'être humain après des temps beaucoup plus longs : dysfonctionnements cognitifs, problèmes de perception et de psycho-motricité.

Dans l'autre partie de leur étude, ils subdivise la population en quatre : contrôle, deux jours d'injection d'éthanol, quatre jours d'injection d'éthanol et quatre jours d'injection d'éthanol suivis de trois de récupération. Les rats étaient disséqués et différentes analyses étaient faites sur chaque population. L'étude montre qu'après deux jours d'injection, une argyrophylia significative est apparente dans le bulbe olfactif. Après quatre jours, des argyrophylias significatives apparaissent dans les cortex perirhinal, entorhinal, piriforme et insulaire agranulaire. Après trois jours de repos, les résultats ne peuvent être distingués des rats de contrôle. Ceci est sans doute dû à ce que les cellules mortes ont été détruites (et donc ne sont plus visibles) et non à leur régénération. Les auteurs concluent que l'absorption massive d'alcool pendant quelques jours est suffisante pour entrainer une pyknosis nucléaire, une fragmentation de la chromatine et la mort de neurones par nécrose, irréversiblement ainsi que la scission de l'ADN en petits fragments.

Sources :

Références


15 février 2003