On fermente normalement en utilisant une levure qui va donner un hydromel très sec (par exemple une levure de Champagne, saccharomyces bayanus, mais ça n'est pas obligatoire). Le taux d'alcool en fin de fermentation doit être de 10-11 % (moins, le CO2 ne serait pas absorbé et donc il n'y aurait pas de bulles, plus et la seconde fermentation pourrait avoir du mal à démarrer [V3]). Il faut donc doser le miel assez précisément et utiliser une levure qu'on connaît bien.
Quand la fermentation est terminée, soutirer normalement jusqu'à ce que l'hydromel soit limpide. Il faut s'assurer qu'il ne manque pas d'acide sinon le résultat final manquera de complexité [V3]. Ne pas ajouter de SO2 à la mise en bouteilles pour ne pas compliquer la vie des levures pour la seconde fermentation. Quand l'hydromel pourrait être mis en bouteilles, ajouter des levures (V4 conseille de réhydrater les levures selon les consignes du fabricant puis d'ajouter de l'hydromel (moins de 5 % de la cuvée) pour habituer les levures au milieu hostile dans lequel elles vont être envoyées), du sucre (27 g/L maximum en Champagne [V8], sachant que 4 g/L donnent 1 bar de pression [V4] si on met trop de sucre on risque d'avoir trop de pression et des problèmes) et des nutriments. La levure doit être une bayanus (Red Star Pasteur Champagne n'est pas une levure de Champagne et ne peut pas être utilisée pour la seconde fermentation). Se renseigner auprès du fabricant pour utiliser la bonne levure (on peut utiliser par exemple Red Star Première cuvée ou bien Lalvin EC-1118).
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bidule [V8]
On met immédiatement en bouteilles. Comme il y a encore du sucre, la fermentation va reprendre. Il est donc indispensable d'utiliser des bouteilles qui vont résister à la pression, c'est-à-dire des bouteilles de Champagne. En Champagne, on bouche les bouteilles avec un « bidule » (figure ci-contre) pour bien étanchéiser et une capsule genre capsule de bière [V8].
On stocke les bouteilles couchées à une température assez basse (10-12°C environ) pour que la fermentation ne soit pas trop rapide : plus la fermentation est lente plus les bulles sont fines. En Champagne, la deuxième fermentation (ou prise de mousse) dure au moins 15 mois (minimum légal) mais peut durer une demi-douzaine d'années. Un changement du goût se produit après 2 ans sur les lies, un autre après 4-5 ans [V9].
pupitre pour le remuage [V4] |
schema de remuage [V4] |
Des lies vont se déposer dans la bouteille, pour les éliminer, les faire glisser en inclinant la bouteille de plus en plus (de manière à ce que le goulot se retrouve vers le bas, figure de gauche) et en remuant (selon le schéma de la figure de droite) jusqu'à ce que lies atteignent le goulot (remuage). Voir V4 pour une description très détaillée du remuage. Une autre possibilité pour ceux qui ne veulent pas acheter ou fabriquer un tel pupitre : mettre les bouteilles verticalement, le goulot dirigé vers le bas, dans une boite. Une à deux fois par jour, soulever les bouteilles de quelques centimètres et les laisser retomber. Le léger choc est censé décrocher les levures des parois de la bouteille [idée proposée par C. Dewitt Ward et citée dans V4].
Dégorgement : réfrigérer la bouteille (si la température est plus basse, la pression aussi sera plus basse et le dégorgement moins explosif) puis plonger le goulot dans de la glace pilée et du sel pour emprisonner les lies dans un glaçon. Quand on débouche la bouteille les lies sont éjectées par la pression (pointer la bouteille vers quelque chose qui va amortir les projectiles et éviter les rebonds dangereux, penser aussi à se protéger correctement lors du dégorgement). Nettoyer rapidement l'intérieur du goulot et rajouter un peu de liqueur de dosage (alcool, sucre, 20-25 ppm de SO2) pour refaire le niveau dans la bouteille (dosage). Suivant la quantité de sucre ajoutée, on obtient du brut (< 15 g/L), sec (17-35 g/L), demi-sec (33-50 g/L) ou doux (> 50 g/L). Reboucher immédiatement la bouteille avec un bouchon en liège (champignon) si on a le matériel pour le faire (sinon utiliser un champignon en plastique) et attacher le bouchon avec un « muselet » (le truc en fil de fer). On peut aussi utiliser une capsule de bière.
Laisser ensuite l'hydromel « se rasseoir » (récupérer du traumatisme du dégorgement et laisser la liqueur se mélanger) en laissant la bouteille droite pendant plusieurs mois avant de vieillir ou de consommer.
Références : Gifford dans V4 (chapitre 5), chapitres 9 de V3, 11 de V6 et 13 de V9, chapitre 20 de V2, F3 pp. 70-84.
